Les origines de l’écriture
D’abord était la pensée, la parole puis les images et les formes qui furent peintes et sculptées sur les murs de grottes et sur les objets.
En – 3700 BC la représentation du Nil sur un vase d’Abidos devient plus le symbole du concept de l’Egypte que l’image de l’Egypte .
Personne ne pouvait voir l’Egypte de la sorte dans son ensemble avec ses champs rectangulaires de part et d’autre du Nil et des montagnes sur les côtés.
Nous contemplons un mini plan simplifié, stylisé de l’Egypte qui tient lieu de représentation symbolique du concept et du mot Egypte
Cette représentation est probablement le plus ancien ancêtre des hiéroglyphes égyptiens.
Dans les cités-états du croissant fertile, la maîtrise de l’irrigation des terres par les fleuves a permis un forte augmentation de la productivité permettant aux populations de constituer des réserves et de bénéficier de temps libres. Pour mieux administrer, comptabiliser, stocker, taxer et distribuer les récoltes aux villes, il fallait un outil. C’est ce besoin de tenir des comptes qui va être la première motivation de la création de l’écriture en Egypte et à Sumer. A Sumer, ce sont des grilles associant pictogrammes (exemple : orge) et des chiffres qui vont faire office de premiers tableurs de l’histoire.
Ensuite, vers -3000 BC une percée conceptuelle a lieu avec l’idée d’utiliser le pictogramme non seulement pour signer orge mais aussi pour symboliser le son qui lui correspond : « chai ».
Nous assistons à l’invention du jeu de rebus où une image représente un son et où l’association d’images correspond à une association de sons dont le sens final n’a plus rien avoir avec les images utilisées. Cette invention se produit à peu près en même temps en Egypte.
Ces rébus sont donc utilisés pour clarifier le sens des images et empêcher toute méprise dans l’avenir. Ensuite ils seront utilisés pour exprimer tous les mots, ainsi est née l’écriture égyptienne hiéroglyphique avec au moins 800 symboles. Cette écriture va permettre de mieux administrer, d’écrire l’histoire et les codes juridiques.
Vers – 1500 BC apparaissent en Chine, les premières traces d’écriture également sous forme de rebus, de phonogrammes.
Le principe du rébus était particulièrement indispensable pour exprimer des concepts abstraits sans image réelle correspondante comme par exemple la fatigue ou l’avarice.
Comme les Egyptiens et les Sumériens, les Chinois vont préciser le sens des phonogrammes par des symboles déterminants classificateurs pour éviter le doute de sens.
-600 ans BC les Maya feront de même. S’ils sont très comparables, ces quatre systèmes d’écriture n’ont pas d’origine historique commune mais découlent probablement du caractère universel chez l’homo sapiens du plaisir à faire des jeux de mot avec les sons et donc d’avoir la capacité d’inventer le rébus comme base d’une écriture indispensable à l’administration d’une société élaborée. Cette constatation est un argument d’une vision universaliste de l’humanité.
L’épisode suivant va se jouer probablement en Egypte à Sarabit al-Khadim en -1850 BC, cité minière qui comportait des travailleurs immigrés illettrés qui venaient de Canaan.
Ils tentèrent d’imiter l’écriture égyptienne mais pour correspondre aux sons de la langue cananeenne et avec beaucoup moins de symboles. Ces travailleurs cananeens vont continuer à jouer au rébus mais seul le premier son du symbole représenté sera utilisé pour constituer le mot complet. Donc un symbole pour un son : le premier alphabet était né de cette géniale simplification.
25 à 30 images pour exprimer 25 à 30 sons ou phonèmes qui combinés vont pouvoir exprimer par l’écriture tous les mots et concepts d’une civilisation.
Déesse Baalat
Cette simplification alphabétique permettra que l’apprentissage et l’utilisation de l’écriture et de la lecture s’étende beaucoup plus facilement à un plus grand nombre. C’est l’étape de la démocratisation de l’écriture et de libération totale du sens des images mais restant fidèle à la sonorité.
Chose extraordinaire, toutes les écritures alphabétiques de la terre dérivent historiquement de l’alphabet inventé à Sarabit al-Khadim en -1850 BC par des travailleurs émigrés illettrés en contact avec la civilisation et donc l’écriture égyptienne.
Dans chacun de vos A dort donc un taureau égyptien.
Comentários